C’est une innovation décisive pour la sûreté des patients lors de leurs examens d’imagerie médicale à La Réunion. Le projet ORION — pour Optimisation des Rayonnements IONisants — entre désormais dans sa phase opérationnelle.
Imaginé avec les établissements publics du GHT Réunion, ORION doit permettre de mieux protéger les usagers des conséquences d’une exposition excessive aux rayons dits ionisants, nécessaires dans certains examens d’imagerie médicale.
Concrètement, ORION vise à créer, au sein des infrastructures numériques du GCS TESIS, un système d’information partagé par les ingénieurs biomédicaux et les professionnels de santé concernés par le suivi de la dose : physiciens médicaux, manipulateurs, radiologues, etc. Ce système permettra de mieux suivre la dose d’irradiation reçue par les patients réunionnais, et ce quel que soit l’établissement dans lequel ils réalisent leur examen. Cette solution, appelée DACS (Dose Archiving and Communication System), dotera donc les professionnels d’outils numériques pour prévenir les risques d’exposition excessive. Ils protégeront ainsi leurs patients des conséquences potentiellement néfastes pour leur santé.
Ce projet va se déployer dans un premier temps dans les hôpitaux du GHT Réunion : le GHER, le CHOR et le CHU, premier site pilote engagé dans cette phase opérationnelle. Les établissements privés, cliniques ou cabinets d’imagerie libéraux, pourront embarquer dans un second temps.
Le bénéfice pour les patients :
- Éviter les conséquences liées à une surexposition aux rayonnements ionisants
Le bénéfice pour les professionnels :
- Renforcer la sécurité et la qualité de la prise en charge radiologique
- Améliorer le partage des informations utiles à la protection des patients
- Limiter le coût d’une infrastructure technique grâce à la mutualisation
ORION est un projet financé par l’Union Européenne, l’ARS La Réunion et le GHT Réunion.
Pourquoi ORION est-il important ?
Les rayons émis par certains équipements d’imagerie médicale sont indispensables pour nous soigner. Ce sont eux qui permettent aux professionnels de santé de voir ce qu’il se passe à l’intérieur de notre corps. Ils sont donc incontournables dans certaines situations pour faire le bon diagnostic.
Ces rayons, par ailleurs présents dans notre environnement naturel, sont émis à faible dose durant les examens. Ils sont donc sans danger dans la très grande majorité des cas. Néanmoins, en cas d’exposition trop importante, ils peuvent présenter des risques :
- Des risques immédiats comme des brûlures cutanées, quasi inexistantes lors d’un examen de radiologie étant donné la très faible dose de rayonnements reçue par un patient
- Des risques à terme, comme la survenue de cancers, qui sont dus à l’accumulation des doses sur plusieurs examens successifs et rapprochés
Ces risques sont prévenus par des procédures et des normes de contrôle encadrant le bon réglage des appareils et la formation des personnels. Parmi eux, les Personnes Compétentes en Radioprotection (PCR) sont notamment chargées d’assurer la sécurité du personnel médical et des patients. Mais il est important de pouvoir surveiller la dose de rayonnements reçue par un patient au cours de sa vie afin de limiter les risques de surexposition à long terme, en évitant par exemple les examens redondants.
En 2018, la protection des personnes exposées aux rayonnements à des fins médicales a été renforcée par un décret. Le devoir de protection des patients contre l’irradiation est inscrit dans le code de la santé publique. Il repose sur deux principes :
- La justification des examens, qui ne doivent être réalisés que “lorsque les expositions aux rayonnements ionisants présentent un bénéfice suffisant pour la santé de la personne concernée au regard du risque qu’elles peuvent présenter“
- L’optimisation des expositions : en imagerie médicale (radiologie et médecine nucléaire), l’optimisation consiste à délivrer la dose la plus faible possible qui permette néanmoins l’obtention d’une image de qualité, c’est-à-dire d’une image apportant l’information diagnostique recherchée.
Les établissements ont donc la responsabilité réglementaire d’exercer une surveillance de l’exposition de leurs patients aux rayonnements en décidant, par exemple, d’ajuster la dose utilisée pour un examen lorsque c’est indiqué. Mais pour prendre ces décisions, ils ont besoin d’information fiable sur l’historique radiologique de leurs patients, et sur leurs éventuelles expositions antérieures aux radiations médicales. Problématique : chaque service ou cabinet de radiologie met en place des mesures au sein de son établissement, mais n’a pas toujours connaissance des examens réalisés et des doses reçues par un patient dans d’autres établissements.
ORION : une solution pour améliorer la radioprotection
L’ambition d’ORION est simple : offrir aux acteurs de l’imagerie médicale à La Réunion une vision complète, en temps réel, de l’exposition de leurs patients aux rayonnements pour les aider dans leurs pratiques de radioprotection.
Pour cela, le GCS TESIS accompagne la création du premier DACS (Dose Archiving and Communication System) unique et partagé à l’échelle de La Réunion. Hébergé au sein de l’infrastructure numérique déployée par le GCS, cet outil dotera par exemple les praticiens d’un moyen d’aide à la décision pour évaluer la pertinence d’un nouvel examen irradiant.
DACS : partenaire de la qualité de la prise en charge radiologique
Un DACS est une solution logicielle qui permet aux professionnels de santé d’obtenir des informations et des statistiques sur le cumul d’irradiation reçue. Le DACS retenu dans le cadre du projet ORION est développé par l’industriel General Electric Healthcare. Ses principales fonctionnalités :
- Passeport dosimétrique régional : consolidation régionale des rapports de dose avec calcul automatique de la «dose efficace» mesurant l’impact sur les tissus d’une exposition à un rayonnement ionisant.
- Système d’alertes basé sur les Niveaux de Référence Diagnostiques (NRD).
- Outils statistiques de répartition de la dose par zone anatomique (historique des examens par zone)
- Outils de traitement et d’analyse des données techniques et dosimétriques.
- Intégration automatique du rapport de dose sur le compte-rendu et dans le dossier du patient.
L’équipe projet ORION :
- Jean-Philippe BRUNET : chef de projets Imagerie et Télé-médecine du GCS TESIS
contact : jp.brunet@tesis.re / Tel : 0692 48 92 18
- Gopu ZEACHANDIRIN : Consultant, assistance à maîtrise d’ouvrage sur le projet ORION
- Luc LAUSECKER : chef de projet technique GE HEALTHCARE
- Maxime DENIS : chef de projet clinique GE HEALTHCARE